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  • Photo du rédacteurMalinoRox

Tales of Arise, profonde réinvention d'une saga.



Habituée à nous pondre des épisodes quasiment tous les ans, à la manière des meilleures productions Ubisoft, les producteurs des Tales of décidèrent il y a quelques années de faire une longue pause afin de prendre le temps de développer leur nouveau bébé.

Entre la sortie de Tales of Berseria et celle de Tales of Arise, 5 années s'écoulent, et ce afin de "mettre au point tout ce dont avait besoin la franchise pour se régénérer", de la "repenser en profondeur" et de créer "la nouvelle référence du JRPG en passant au niveau supérieur". Des propos ambitieux pour une série qui a toujours fait de bons jeux mais qui depuis Tales of Symphonia en 2003 n'avait pas sorti, à mon humble avis, de vrais grands jeux.

Personnellement j'ai découvert la saga avec Tales of Vesperia; un jeu qui malgré ses qualités m'a laissé un goût amer. Je le trouve en effet (beaucoup) trop long, son rythme et sa narration sont bancals et le casting est inégal et écope de certains personnages pénibles au possible… Mes premières heures enjouées se transformèrent vite en un long chemin de croix tant ce jeu avait à la fois trop peu de choses à raconter pour sa longueur tout en étant bien trop rushé à d'autres.

Je partais donc avec pas mal d'à priori sur ce Arise, ayant même annulé ma précommande peu de temps avant par peur de grandes promesses non tenues qui accoucheraient d'un énième jeu bateau.

Et pourtant 40 heures plus tard, je ne peux qu'affirmer que Tales of Arise est une masterclass et je vais tâcher d'expliquer ici pourquoi j'ai tant aimé.

A casting exceptionnel, jeu exceptionnel


Alors Tales of Arise qu'est ce que ça raconte ?

ToA c'est l'histoire de deux mondes que tout oppose, Dahna et Rena. 300 ans avant le début de notre aventure, les Reniens envahirent Dahna, réduisant tout son peuple en esclavage, les dépouillant de leur liberté, de leur dignité et installant sur chacune des cinq régions du royaume un seigneur chargé de piller le plus possible de ressources de la planète.

Au début du jeu nous prenons le contrôle d'Alphen, un jeune esclave Dahnien, portant un étrange masque de fer qu'il ne peut enlever et ne ressentant pas la douleur. Il sera bientôt rejoint par Shionne une Renienne en fuite qui est affectée par une étrange malédiction, des "épines", empêchant quiconque de l'approcher de trop près sous peine de ressentir d'atroces souffrances. Nos deux personnages vont alors faire cause commune et se mettre en route afin de renverser, à l'aide de la résistance locale, les cinq seigneurs martyrisant Dahna.

Bien entendu tout ceci ne sera que le point de départ d'un scénario bien plus complexe que ce pitch de base. L'histoire de ce Tales of Arise est un premier gros point fort. Je l'ai trouvé captivante de bout en bout; rebondissements, révélations, cohérence, le tout est bien raconté, bien mis en scène et toujours suffisamment intéréssant pour nous donner envie d'en savoir plus.

La manière qu'il a d'aborder les choses est également extrèmement intéressante. De quelque chose de très manichéen au départ, nos persos vont évoluer au fur et à mesure de leur voyage. Le discours du jeu va mûrir en même temps que les héros. C'est bien beau de libérer le royaume, mais que va-t-il se passer après ? Quid des représailles ? Que ferons des gens qui n'ont jamais rien connu d'autre que l'asservissement ? Peut-on se remettre si facilement que ça de 300 ans d'esclavage, de tourments voire de lavages de cerveaux ? Ces détails dans la narration font que le jeu ne se contente pas juste de nous raconter la libération d'un royaume, mais bien tout ce que cela implique de préjugés, de rancœur, de haine ou de vengeance.

Et il l'illustrera par un moyen tout simple, nos personnages qui sont un autre énorme point fort du titre. Nos 6 héros sont bien écrits, ont de la personnalité, une évolution et des relations cohérentes les uns avec les autres, ce qui donne un groupe de personnages fortement attachants. Nous les récupérons relativement tôt, ce qui peut paraitre anecdotique, mais qui va permettre de prendre le temps de les développer correctement. Nous ne sommes pas dans un monde bisounours, et il faudra forcément du temps pour que nos protagonistes apprennent à vivre ensemble. Des Dahniens, des Reniens, anciens esclaves ou nobles, forment ce groupe hétéroclite. Chacun va devoir apprendre à connaitre l'autre, comprendre sa différence, et petit à petit surmonter ses préjugés. La aussi, cela peut paraitre banal, mais ça amène une vraie richesse aux interventions de chacun. Le tout est cohérent, on peut s'y rattacher et clairement même moi en tant que joueur j'ai appris à connaitre chacun d'entre eux, a surmonter mes à priori et à les aimer comme rarement j'ai aimé un casting de jeu vidéo. Je ne vais pas mentir, ils m'ont arrachés quelques larmes à certains moments…

Régulièrement quand on avance on a de petites saynètes optionnelles qui se débloquent. Chaque saynète est l'occasion d'en savoir un peu plus, d'observer leurs relations, leurs échanges etc. Elles savent être drôles voire très drôles (certaines vers la fin du jeu m'ont fait franchement rire), émouvantes, intéressantes etc. J'ai trouvé qu'il y avait une vraie force dans tous ses petits moments capturés du quotidien de nos aventuriers. Certaines en plus trouveront une résonnance toute particulière avec la fin de l'aventure et les scènes pré ou post générique.

Le nombre de personnages dans la bande est assez restreint, mais permet d'éviter le syndrome "10 persos mais 6 ne servent à rien"… Ils ont tous leur pierre à amener à l'édifice, que ce soit dans l'aventure mais également dans les combats.

Un gameplay aux petits oignons


Puisque l'on parle des combats, le système de combat est vraiment super bien fichu. De l'action en temps réel ou nous pouvons contrôler le perso de notre choix, selon nos goûts, accompagnée par une pointe de réflexion et des finishers tellement stylés! Notre héros est accompagné sur le champ de bataille de 3 autres personnages, les deux derniers étant en soutien. Mais on peut changer à la volée de combattant en plein fight selon les ennemis rencontrés (Chaque perso a ses spécificités, et on aura pas besoin des mêmes attaques pour battre un dragon qu'un sanglier). La aussi cela peut paraitre tout bête, mais dans la plupart des RPG, nous avons une équipe qui ne bouge jamais et ou la moitié des personnages sont inutiles. Ici pas de ça, tout le monde est utile pour la progression du groupe et de l'histoire, et quoi de mieux que le gameplay pour mettre en lumière cette idée.

Tant qu'à être dans le gameplay, j'ai vraiment envie de parler des options de confort mises par les développeurs. J'ai vraiment apprécié le fait qu'il y ait des points de voyage rapide un peu partout. Pas besoin de se farcir des tas d'allers retours pour faire nos quêtes secondaires notamment, ou pour aller se soigner. Il s'agit vraiment selon moi d'un excellent moyen de ne pas casser le rythme de la progression du joueur en créant de la durée de vie artificielle. Le fait qu'ils en aient aussi mis dans certains donjons, notamment le final est un gros plus. Enfin! Enfin je peux me faire un aller retour pour me soigner plutôt que de cramer tous mes objets de soins et ne plus rien avoir une fois au boss des lieux.

En combat, les jauges d'action et de soin sont séparées, ce qui fait que l'on ne vide pas son mana comme dans beaucoup de RPG sans pouvoir se soigner ensuite.

L'auberge gratuite est un autre plus agréable! L'argent est rare et clairement si il avait en plus fallu payer pour se restaurer… (qui ne s'est jamais retrouvé dans un RPG avec plus de vie, plus d'items et plus d'argent pour payer son auberge?). En 2021, un JRPG qui propose un tel confort tout en ne cassant pas son expérience, c'est un vrai pas en avant.


Le souci du détail



Le level design du titre est aussi vraiment intéressant et a été bien travaillé par rapport aux précédents jeu de la série. On voit des choses, on sait que l'on pourra y aller. Chaque mini monde ouvert reste relativement intéressant à explorer (même si nous ne sommes pas dans Outer Wilds ou Breath of the Wild).

Comme je l'ai dit plus haut, l'argent est rare dans Tales of Arise et que ce soit pour forger des armes ou acheter nous ne pouvons pas nous permettre de le gaspiller. Quand nous aurons besoin de nous soigner, le jeu va naturellement nous pousser vers les feux de camp habilement disséminés un peu partout sur la carte; et quoi de mieux que manger autour d'un feu de camp pour développer des relations avec nos compagnons. C'est pendant ces moments de repos que l'on va pouvoir faire avancer les relations entre notre héros et son équipe, jusqu'à les pousser au maximum et qu'ils débloquent des coups spéciaux utilisables en combat. C'est aussi au feu de camp que l'on pourra regarder les saynètes manquées ou en débloquer de nouvelles. ToA a parfaitement assimilé des années de progrès en la matière dans les RPG pour bâtir un jeu ou la cohérence du level design et de l'univers vont dans le sens du développement des persos.


Enfin j'ai vraiment envie d'aborder la direction artistique. Mélange d'aquarelle, de dessin et d'anime, le tout est visuellement somptueux et se tient parfaitement. Les environnements sont variés et nous font vivre un vrai beau voyage. Petit détail, mais on ne saute jamais du coq à l'âne question environnements; la DA est cohérente et progressive. Plus l'on avance d'une région à l'autre, plus les environnements changent. Entre les terres volcaniques de la première région et les montagnes enneigées de la seconde, il se passera plusieurs zones ou le changement se fera petit à petit. On voit au fur et à mesure de notre progression la nature changer et tendre vers le "biome suivant". Cela se fait en plus super subtilement; le jeu ne nous jette pas ça à la figure. Je me suis amusé à parcourir à nouveau beaucoup d'endroits de la carte qui servent de transition et c'est tellement bien amené! C'est pour moi un vrai travail d'artiste tant la DA et les environnements sont ultra variés sans jamais perdre la cohérence globale.

J'ai aussi adoré ses diverses villes vraiment uniques et aux designs fabuleux pour certaines. Masterclass!

On dit souvent que ce sont les détails qui font les grandes œuvres, que le polish d'un jeu peut le faire passer de jeu lambda à excellent jeu. Que toute la différence se joue dans ces petites choses que parfois nous ne remarquons même pas et qui pourtant en font toute la qualité. Il suffit de passer d'un jeu à la finition exemplaire et qui a le souci du détail à un jeu Ubi pour s'en rendre compte immédiatement… alors que nous n'y aurions pas prêté attention dans l'autre sens (promis c'était le dernier taquet à notre cher studio français). Et Tales of Arise est justement un jeu qui fait la différence de par ses détails; un jeu où l'on peut pleinement ressentir que le délai accordé aux développeurs a fait du bien.

J'ai vraiment trouvé ce jeu exceptionnel de bout en bout. Certains se plaindront de 2-3 heures vers la fin où le jeu est très bavard (ce que je peux comprendre), mais personnellement j'ai adoré le fait que pendant les moments de révélations il n'y ait pas de combats toutes les deux minutes alors que je n'avais qu'une seule envie… en savoir plus.

Savoir qu'il n'y aura pas de suite est à la fois un soulagement tant la fin est réussie, à la fois un petit pincement au cœur car je ne passerai plus de temps avec ces personnages et dans cet univers. Tales of Arise est vraiment un jeu magnifique, au scénario excellent, aux personnages géniaux, et aux thématiques si intelligemment traitées. J'ai vécu avec cette équipe une vraie aventure comme je n'en avais pas vécue dans un JRPG depuis Xenoblade Chronicles 2.

Je pense retourner dessus pour prolonger le plaisir au maximum en faisant tout le secondaire, ce que je ne fais quasiment jamais. Probablement la marque d'un très grand jeu.


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